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« J’opte pour les mélanges suisses dans mes prairies »

Depuis dix ans, Patrick Van Iersel implante des prairies multi-espèces, résilientes, productives et durables. Celle-ci, riche en trèfles, ray-grass et dactyle, est dans sa quatrième année.

Près de Sancerre (Cher), Patrick Van Iersel a remplacé le ray-grass par un mélange multi-espèces mis au point par un semencier suisse. Succès pour ses chèvres et ses brebis depuis dix ans.

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Le Gaec du Pont, établi à Jars dans le Cher, a changé de visage. Il s’agissait auparavant d’un élevage en conduite de chèvres et de brebis, 100 % en bâtiment, avec achat d’aliments et vente en filière longue. En 2009, les trois associés sont passés à un système autonome à 98 % en chèvre (1 150 mères) et en brebis (400 mères), avec augmentation du foncier (550 ha) et transformation à la ferme (AOP Chavignol).

Des mélanges multi-espèces 

Afin d’accompagner ces bouleversements, les éleveurs ont misé sur les fourrages. « Fini le ray-grass, place aux “mélanges suisses”, explique Patrick Van Iersel, l’un des trois frères associés. Le ray-grass demandait beaucoup d’azote, 120 unités, et ne le valorisait pas toujours. On variait entre 11 % et 19 % de matière azotée totale. »

En 2014, il teste un mélange multi-espèces du semencier Schweizer, sur les conseils de Yan Mathioux, nutritionniste. On y trouve entre cinq et huit espèces. Le « Famosa 41 » est composé de 14 % de trèfle blanc, 24 % de ray-grass anglais mi-tardif, 16 % de dactyle, 17 % de fétuque rouge, 15 % de fléole des prés et 14 % de pâturin des prés.

Dans des terres pas trop acides, il opte pour des mélanges avec de la luzerne. Les résultats sont concluants. Dix ans plus tard, le Gaec du Pont sème 48 ha (sur 113 ha de prairie temporaire) de différents « mélanges suisses ».

Des prairies résilientes et régulières

« Nous obtenons des fourrages très réguliers en qualité, autour de 15 % de protéines, voire 19 % sur certains lots. » En 2023, l’éleveur a réalisé quatre coupes, à plus de 10,5 tonnes de matière sèche par hectare au total. « C’est surprenant car la prairie n'est pas haute mais elle est très dense », indique Patrick.

Joël, le frère de Patrick, apprécie aussi cette régularité lors des coups de chaud. « Contrairement au ray-grass qui épie, le mélange suisse repart dès la première pluie. La prairie est très résiliente. »

Pour arriver à ce résultat, la prairie est semée au printemps. Après destruction des couverts, les éleveurs apportent 10 t/ha de fumier composté, puis préparent le sol avec un outil à dents ou à disques. Ils sèment avec un combiné de semis, à la dose indiquée par le semencier. Ils apportent de 50 à 60 unités d’azote « le plus tôt possible », aux alentours de mars.

Cette année, après une première coupe le 26 avril, ils ont ajouté 30 unités d’azote. Les parcelles les plus proches seront pâturées, les plus éloignées, enrubannées. « Comme le fourrage est très feuillu, il se prête mal au séchage. Je préfère l’enrubanner », précise Patrick.

Si la régularité des mélanges suisses est un point fort face aux dérèglements climatiques, leur prix reste un frein. Comptez près de 280 €/ha de semence pour le Famosa 41, par exemple. Patrick laisse ses prairies jusqu’à cinq ans. « On pourrait les laisser plus longtemps s’il n’y avait pas la réglementation », ajoute-t-il. Sur cinq ans, les mélanges multiples coûtent moins cher que le ray-grass.

Les trois frères ont essayé de réaliser leurs mélanges eux-mêmes. Mais comme les variétés ne sont pas indiquées par le semencier, leurs essais étaient approximatifs et les plantes n’arrivaient pas en même temps à l’épiaison. Ils se sont donc résolus à utiliser les originaux. « On paye mais c’est efficace », sourit Patrick.

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